L’affaire a enflammé le Net. « Sabar Bou Graw », une séance de danse obscène organisée par des jeunes filles d’un quartier de Dakar, commence à révéler ses secrets. Une des danseuses nous a appelés, pleurant pratiquement au téléphone. Agée de 26 ans aujourd’hui et mère d’un garçon de neuf mois, elle se sent victime.
Arrivées sur les lieux, nous découvrîmes qu’il y avait un « sabar ». Je dis que je n’allais pas danser parce que je ne connaissais personne dans l’assistance hormis ma copine que j’accompagnais. A un moment donné, une fille se leva et me dit : « Tout le monde danse sauf toi, en plus tu as de grosses fesses. » Je refusai. Elle insista et insista, encore et encore. Je peux dire qu’elle m’avait forcée à danser. Mais quand elle avait voulu tirer mon pagne, j’avais refusé.
« … En plus c’était une affaire de filles pour déconner. »
Je ne comprends pas pourquoi ils diffusent ce film sur le Net, six ans après. En plus c’était pour déconner entre filles. Je suis dégoutée. J’en veux à M… C’est elle qui avait organisé ce sabar et l’avait fait filmer. Je l’ai appelée au téléphone, elle m’a dit c’est le cameraman qui a vendu le film. J’ai voulu porter plainte. On m’a déconseillé de le faire, de peur d’amplifier l’affaire, avec la presse qui s’en saisit et tout. Voilà pourquoi je n’ai pas porté plainte. »
Le film était en vente en Italie sous forme de vidéos Cd et Vcd, avant d’être diffusé sur le Net. En allant à cet anniversaire, la jeune C.D.N. ne se doutait pas que sa danse de célibataire sous l’œil d’une caméra allait, six années plus tard, s’inviter dans sa vie conjugale. « L’affaire est grave, se lamente-t-elle. Mon cas est critique. Aujourd’hui, mon mari m’a dit de quitter le foyer. Notre couple a volé en éclats. Il m’a traitée de tous les noms d’oiseaux. Il a même dit que je suis une p… Pourtant, je ne l’ai jamais trompé. Il ne veut rien comprendre. Il est touché dans son amour propre parce qu’il est Mbacké -Mbacké, marabout et petit fils de tel marabout. Alors, me voici seule avec mon bébé de neuf mois. »
(Pendant l’entretien, nous entendions le nourrisson vagir.)
« Un malheur ne vient jamais seul, s’attriste-t-elle. Dès que ma mère a eu vent de l’affaire (le film), sa santé a été secouée. Elle est actuellement au service d’urgence de l’hôpital Fann de Dakar.
Je suis chez ma cousine qui n’est pas encore au courant. Mais je suis sûre que si son mari l’apprend, elle me mettra à la porte… L’internet, c’est grave et ça a beaucoup d’ampleur au Sénégal. »
PS : Au cours de cet entretien C.D.N. nous a fait savoir qu’elle n’a pas regardé la vidéo parce qu’elle n’en a pas le courage. Ce sont des amies qui lui ont rappelé comment elle était habillée ce jour-là.
Anta Sy et Khady Jeanne Seck.
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